- cricri
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• XVIe; onomat.♦ Bruit que le grillon, la cigale font avec leurs élytres.⇒CRI(-)CRI, (CRICRI, CRI-CRI)subst. masc.A.— Bruit du grillon ou de la cigale. L'on entendit le bruit doux et rythmique des bouses étalées. De la nuit des charpentes, descendait le cri-cri mélancolique d'un grillon (ZOLA, Terre, 1887, p. 76).B.— P. méton.1. Grillon, cigale. Au lutrin chantaient, couple allègre, (...) Le cricri, ce poëte maigre, Et l'ortolan, ce chantre gras (HUGO, Chans. rues et bois, 1865, p. 213). Sous chaque feuille des arbres devait se cacher un cricri au moins à en juger par le potin assourdissant qu'ils faisaient tous ensemble (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 165) :• Et toi, doux artisan des musiques champêtres,Que mes vers dans ton jeu puissent se reconnaître!Que la moisson de l'août dans ton magique boisRetrouve son sommeil et rêve à haute voix!Que le cri-cri, caché au fond de la cuisine,Chante encor par ton fifre une soirée divine!JAMMES, Les Géorgiques chrétiennes, Chant 3, 1911, p. 27.2. P. anal.a) [Avec le bruit produit par le grillon]
) Passereau de la taille d'un moineau appelé bruant proyer.
Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845, Lar. 19e-20e, LITTRÉ, DG.) [P. réf. au bruit du grillon ou au cri du passereau] TECHNOL. Jouet composé d'une lame d'acier flexible fixée dans une monture de cuivre ou de fonte qui, lorsqu'on la presse de façon répétée, produit un son similaire à celui du grillon. Jouets bruyants ou sonores (...) cricris, anches taillées dans un fétu quelconque (SCHAEFFNER, Orig. instrum. mus., 1936, p. 108).
b) [P. réf. à la maigreur du grillon] Personne qui se caractérise par sa maigreur. Attesté ds CARABELLI, [Lang. pop.].— Argot) Diminutif affectueux. Mon petit cricri je t'ai à la bonne (CHAUTARD, Vie étrange arg., 1931, p. 677).
) Terme injurieux et méprisant. [Avec] mépris, il [le maquereau] appelle les autres prostituées [la sienne exceptée] (...) Cricri (BRUANT, Dict. fr.-arg., 1901, p. 372) Grand cricri [Vocatif gouailleur, d'une fille (parisienne) à un de ses amants (trimardeur)] (M. STÉPHANE, Ceux du trimard, 1928, p. 62, 63, 64, 66, 69, 74).
Rem. Le Cri-cri était le titre d'un Journal illustré, publié sous la direction d'E. Beuve, puis de S. Vignon qui, entre 1911 et 1937, publia des contes, des romans comiques, dramatiques ou historiques. Brunet froissa le Cri-cri et le jeta avec violence, comme horrifié tout à coup de s'y être plu (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 994). Les aventures passionnantes que je lisais dans Cri-cri (SARTRE, Mots, 1964, p. 116).Prononc. et Orth. :[]. Écrit cricri en 1 seul mot ds Ac. 1932; cf. aussi DG, DUB. et Lar. Lang. fr. Mais écrit cri-cri ds GATTEL 1841, BESCH. 1845, LITTRÉ (qui souligne des cri-cris au plur., cf. aussi Ortho-vert 1966, p. 176), ROB., Pt ROB., Pt Lar. 1968 (qui souligne des cri-cri au plur.). Étymol. et Hist. 1. 1559 chant du grillon (J. Doublet ds DG); 2. 1804, p. ext. « grillon » (DUMÉRIL Hist. nat., p. 156). Krikk (FEW t. 2, p. 1337 a), onomat. rendant le chant du grillon. Fréq. abs. littér. :17 (cris-cris : 2). Bbg. MORIN (Y. C.). The Phonology of echowords in Fr. Language. Baltimore. 1972, t. 48, n° 1, p. 105.
ÉTYM. 1559; onomatopée.❖1 Cri du grillon, de la cigale. — Fam. Grillon. || Des cri-cri ou des cris-cris.1 Elle était montée dans sa chambre et songeait. Des souffles de chaleur remuaient de temps en temps les rideaux. Le chant des cris-cris emplissait l'air. Jamais encore elle ne s'était sentie si triste.Maupassant, Fort comme la mort, éd. 1889, p. 185.♦ Figuré :2 Et quand je mets la petite Fadette en comparaison avec un grelet, c'est vous dire qu'elle n'était pas belle, car ce pauvre petit cri-cri des champs est encore plus laid que celui des cheminées.G. Sand, la Petite Fadette, VIII, p. 59.2 Jouet d'enfant composé de lamelles qui imitent le cri du grillon lorsqu'on les presse.3 Vx. T. d'affection désignant une personne frêle et sans défense. — Terme méprisant (donné par un souteneur aux prostituées autres que les siennes, selon Bruant).
Encyclopédie Universelle. 2012.